Doss, des mots et... les maux du siècle

Le clown Paolo Doss a donné un spectacle dans cinquante classes et dix écoles de Jette sur le thème de l'exclusion sociale et de la pauvreté.

L'équipe du Multicolore l'a rencontré pour vous :

Q- Est-ce vrai que votre mère est
noire et votre père, blanc?
R- Eh bien, c'était pour le besoin du spectacle. Ma mère est blanche, mon père est blanc, ma mère est italienne et mon père est égyptien. il arrive très souvent qu'il y ait des mariages mixtes entre deux personnes de races différentes. C'est pourquoi j'ai appris l'arabe, puis l'italien et enfin j'ai appris le français.

Q- Connaissez-vous l'arabe?
R- Je ne connais plus l'arabe car je ne l'ai plus pratiqué.

Q- Quelle est votre nationalité?
R- J'ai la nationalité égyptienne et la nationalité italienne. J'ai donc deux nationalités.

Q- Faites-vous toujours vos spectacles seul?
R- Jusqu'à présent je les fais toujours seul, cela fait trois ans et pour le moment je pense continuer seul.

Q- Etes-vous marié?
R- Je ne suis pas marié.

Q- Qu'est-ce que ce spectacle représente pour vous?
R- Ce spectacle est très important pour moi. Je peux m'adresser à un jeune public, voir si je suis compris, apprécié, et pour moi c'est une excellente expérience que je vais sûrement renouveler.

Q- 'Pourquoi parlez-vous des noirs et des blancs dans votre spectacle?
R- Parce que je voulais parler du problème du racisme. J'aurais pu parler d'autres races et parler des jaunes pour les chinois. Les hommes ont besoin de cataloguer les autres, alors on parle des blancs, des noirs, des jaunes. On dit les peaux-rouges et certains peaux-rouges ne sont pas plus rouges que toi et moi. Alors pour parler aux personnes il faut employer le vocabulaire qu'ils comprennent.

Q- Vous parlez aussi des jeunes et du racisme.
R- Oui, parce que j'estime que c'est important, il faut parler de cela. Et le thème choisi était l'exclusion et la pauvreté.

Q- Préférez-vous faire le spectacle aux enfants ou aux adultes ?
R- Je n'ai pas de préférence. Ce sont deux approches différentes, le public des adultes et le jeune public. Cela apporte des plaisirs et des difficultés différents.

Q- Pourquoi parlez-vous de la guerre?
R- La guerre est la forme la plus extrême de l'exclusion et de l'incompréhension entre les hommes. Si on n'arrive pas à s'entendre, à parler, on en arrive à faire la guerre.

Q- Comment trouvez-vous les blagues, les jeux de mots pour vos spectacles?
R-En cherchant, en observant, en réfléchissant... J'observe bien ce qui m'entoure.

Nous accueillons la classe de Sème année de Madame VANDERBIST de l'Ecole AURORE. Un groupe de la classe de 5ème année de l'Ecole AURORE est venu mardi 19 septembre nous rendre visite.Ils ne connaissaient pas l'Ecole des Devoirs et ce qu'on y faisait. Ils nous ont posé quelques questions sur nous, sur ce qu'on aimait faire et sur l'Ecole des Devoirs.Nous, nous voulions savoir s'ils avaient aimé le spectacle du clown Paolo DOSS et voilà ce qu'ils nous ont dit:

Q- Pourquoi le clown est-il venu chez vous?
R- Il est venu parler des gens rejetés par les autres.

Q- De qui a-t-il parlé?
R- Des pauvres, car ils sont mal habillés comme lui et ils sont rejetés. Il a aussi parlé des étrangers et des personnes âgées.

Q- Pourquoi s'était-il déguisé en clown?
R- Il était mal habillé parce qu'il était pauvre; son père était noir et sa mère était blanche et ils vivaient dans la pauvreté.

Q- Pourquoi les gens font-ils la guerre?
R- Souvent; cela commence par une petite bêtise, les gens se mettent d'un côté, les autres de l'autre et cela fait de grosses bagarres. Ces gens de religions différentes ne sont pas d'accord entre eux et cela fait des guerres.

Q- Qu'avez-vous préféré dans le spectacle du clown?
R- J'ai beaucoup aimé quand il joue avec une balle qui représentait le monde et qu'il tient le monde dans sa main: c'est comme s'il voyageait très vite autour de la terre et qu'il rencontrait beaucoup d'autres personnes. Moi, c'est quand la vieille personne dit qu'elle est toute cassée, le clown répond: Il je vais vous recoller avec du scotch ". J'aimais tout, et surtout quand il jouait avec le grand violon et le petit violon. Ce n'est pas parce qu'on est petit qu'on sait rien faire ( Une autre) : j'aimais les jeux de mots que le clown faisait avec les pêches.

Q- Ce spectacle a-t-il changé quelque chose dans votre classe?
R- Non enfin, oui... on s'entend bien, on forme un groupe.

Q- Pourquoi a-t-il parlé des noirs et des blancs?
R- Parce qu'il voulait parler du racisme...
Parce que sa figure est noire et blanche. Il avait un père noir et une mère blanche.
Il voulait dire qu'il ne faut pas rejeter les gens pour la couleur de leur peau.

Q- Pourquoi les blancs n'acceptent-ils pas les noirs?
R- Je crois que c'est parce que certains blancs pensent qu'ils sont différents des autres..., parce qu'ils ne sont pas du même avis.

Q- Pour quelles raisons certains enfants ne veulent pas jouer avec les autres?
R- Certains croient qu'ils sont bon à rien Par exemple, quand toutes les filles ont des longs cheveux et qu'une seule a les cheveux courts, elle n'est pas facilement acceptée par le clan des filles aux cheveux longs. C'est comme cela que des enfants différents ne sont pas acceptés.

Après l'interview, on s'est promis de se revoir et de se réinviter aux fêtes ou aux sorties qu'on organise, soit àl'Ecole AURORE, soit à l'Ecole des Devoirs.
Pour finir, on a partagé une bonne boîte de biscuit que l'Ecole AURORE avait apporté à notre intention!

par Stéphane Van Nieuwenhove
Brahim Haddad
Abdelhatif Haddad 

Numéro 1 - Septembre 1989 CEJ - Mady Ansay - rue H. Weme, 11 - 1090 Bruxelles
Le Journal de l'Ecole des Devoirs avec le soutien et la collaboration de tout le personnel du Foyer culturel jettois et de la Commission française de la Culture de l'Agglomération de Bruxelles.

metadonnées

Interviews
ven, 15 Septembre 1989
Source : 
Le Multicolore
Etiquette :