Paolo Doss: pour comprendre les problèmes, mieux vaut en rire!

Dans ses numéros pour les enfants, le clown Paolo Doss raconte l'exclusion comme il la voit. Dans la peau de son personnage Papayo, il joue la pauvreté, le racisme, l'intolérance... bref, tout ce qui peut faire que quelqu'un soit mis sur le côté, soit rejeté par ceux qui l'entourent. A fond l'info l'a rencontré, entre deux spectacles.

Un clown, c'est quoi pour toi ?
Le clown est quelqu'un qui tombe et qui se trompe tout le temps. Il a tout faux dans ce qu'il fait. et dans ce qu'il dit. Mais dans le fond de lui-même, il a besoin de justice. Il est vrai, il n'a pas peur de montrer qu'il est fragile. On l'aime beaucoup parce qu'il est drôle et aussi parce qu'il ose dire tout haut ce que les autres disent tout bas. Et puis, même quand il a des problèmes, le clown est toujours joyeux!

Qui est Paolo Doss, vu par Paolo Doss ?
C'est un homme heureux qui doit beaucoup travailler pour son bonheur et qui travaille beaucoup pour le bonheur des autres aussi et qui est très content de le faire! J'aime aider les gens à réfléchir sur des choses importantes. J'adore aussi apporter de la joie et faire rire. Avec le clown, je peux faire les deux en même temps.

Pourquoi faire rire avec des sujets tristes ?
Quand on arrive à rire de quelque chose de triste, on comprend mieux ce quelque chose et on l'accepte mieux. La pauvreté, par exemple, ça fait peur. Parce que cela conduit à l'exclusion du savoir, de la société... Mais avec le clown, c'est différent. Il est très pauvre. On rit de lui parce qu'il a un manteau troué, qu'il a de vieilles godasses... Mais dès le moment où il raconte pourquoi il est comme cela, on a envie de le plaindre... puis de l'aider... et donc de l'aimer!

Pourquoi transformer les poubelles en "poumoches" ?
Quand je regarde une poubelle, franchement, je la trouve plutôt moche. Alors, pourquoi l'appeler poubelle, puisqu'elle est moche... C'est de la poésie, une certaine façon de voir les choses. La poésie, ce ne sont pas des règles qu'il faut suivre ou apprendre. Ce sont des mots que l'on va mettre sur une émotion, sur ce que l'on ressent. Quand le cœur parle, c'est de la poésie, même quand il a envie de donner un coup de gueule.

As-tu toi-même vécu des expériences d'exclusion?
Je suis né en Italie et quand j'avais à peu près 11 ans, je suis arrivé en Belgique. J'étais très renfermé, très timide. J'avais peur de beaucoup de choses. A l'école, j'étais exclu parce que je ne parlais pas comme les autres. Cela ne se passait pas bien du tout. Mais heureusement, j'avais quelques amis qui me défendaient.

6 milliard d'habitants sur terre, qu'en penses-tu?
Plus on est de fous, plus on rit! Je n'ai pas peur de la surpopulation. L'être humain trouvera toujours des solutions. La Terre est assez grande, l'univers aussi.

Un souvenir inoubliable à partager?
Cela s'est passé dans une école en milieu très défavorisé. J'ai joué dans la peau de Papayo, le clown pauvre. Quand, après le spectacle, je suis sorti de l'école, une petite fille est venue près de moi... pour me donner 5 francs. C'était merveilleux, j'avais les larmes aux yeux!

PROPOS RECUEILLIS PAR DIDIER DE HOE
Tremplin 2000 - 18 B

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Interviews
mer, 01 Décembre 1999
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