Doss: "Etre drole, c'est être vrai"

"C’est le spectateur qui assure la moitié du Spectacle". Avec un tel credo, i n'est pas étonnant que Paolo Doss soit particulièrement à l'écoute de son public. Et il est tellement respectueux des spectateurs qu'il n'hésite pas à consacrer de son temps pour venir au préalable rencontrer ce qui l'ont invité à se produire sur scène. C'était le cas l'autre jour au collège St-Stanislas où Doss avait lui même souhaité dialoguer avec le "comité d'animation des élèves de troisième année", organisateur du spectacle qui sera donné dans l'établissement à l'avant-veille de Noël.
"Mes spectacles ne sont pas intellectuels, réservés au seuls théâtreux" explique d'emblée Doss qui affirme ainsi sa volonté d'offrir au public de ce qui l'intéresse. Emotion, tendresse, rire, dérision: ce sont quelques-uns de ses ingrédients, mais toujours dans une démarche de respect de l'autre : "On peut rire de soi si l'on veut, mais non pas rire aux dépens des autres". Notre homme, qui se réclame de grands maîtres comme Charlie Chaplin ou Raymond Devos, fait sien Un comique de situation et de verbe. C'ést l'inté_ ressé lui-même qui l'affirme: cela déménage durant son spectacle.

Présence et absence

"Des espoirs au singulier" :
le titre du spectacle qu’il interprétera jeudi prochain à Mons donne immédiatement le ton. A coup sûr le clown y jonglera avec les mots. Même s'il estime que le mot n'est qu'un outil, un support, et que le jeu ne véhicule rien à lui tout seul.
Situation de départ: un clown a perdu son chien et il se sent très seul. Alors il parle de la solitude; et même absent, son chien est très présent.
La solitude est l'un des quatre thèmes abordés par Doss dans ses spectacles, aux côtés des manipulations génétiques, de la femme idéale et de l'écologie intérieure...
Des spectacles d'émotion, donc, pour celui qui se présente comme un "clown nu" qui s’adresse à différents niveaux humains. Mais Doss cherche moins à délivrer un message qu'à susciter l' expression du public lui-même: « Tout le monde sait déjà tout » dit-il pour expliquer sa démarche. Une déclaration qui rejoint cette idée selon laquelle le spectateur est à lui seul la moitié du spectacle...

Un homme d'excès

Egyptien par son père et italien par sa mère, ce que trahissent ses cheveux bouclés et son accent de la péninsule, Paolo Doss aurait dû mener une bonne carrière dans les affaires. Avec un père directeur d'une importante société automobile pour le Benelux, c'est ce choix qu'aurait dû embrasser le jeune homme. Mais dès son adolescence, il rêvait d'une existence artistique. Le compromis fut trouvé: ce seraient les arts graphiques, qui ont quand même une connotation économique. Mais Paolo est un homme d'excès. Ses études ne sont pas encore terminées qu'il plaque livres et cahier pour fonder avec un ami une société de publicité. Très vite l'affaire marche bien, mais Paolo souffre de ne pouvoir s'exprimer librement dans ce métier. A l'âge de 23 ans, il laisse tout tomber et songe à se tourner vers la chanson. Ce n'est pourtant pas sa voie, et voilà pourquoi il deviendra clown autodidacte.
Cette passion-là l'anime maintenant depuis dix ans. Certes les débuts ont été difficiles, mais aujourd'hui Doss semble avoir trouvé sa vitesse de croisière: on le demande un peu partout. Il n'empêche: le clown n'aura jamais la grosse tête...

par Hubert WATTIER

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Presse
jeu, 16 Décembre 1993
Source : 
La Province
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