La Terre tourne encore rond à la Samaritaine

Paolo Doss y donne un one-écolo-show généreux et sensible où l'humour fleurit comme une mauvaise herbe: Plats nets à vendre, achetez sans tarder...

Quand Paolo Doss se prend pour Darwin et retrace.. en quelques tableaux l'évolution de l'humanité, cela donne un spectacle à croquer avec toute l'innocence d'Eve face au serpent... Poète dans l'âme, il négocie avec brio tous les virages d'une route pavée d'humour et de bonnes intentions qui nous conduit du « Big Bang» originel au seuil de nos petites vies tranquilles.

Tombé par hasard dans un de ses trous de mémoire, Doss le clown n'a qu'une solution pour s'en sortir: suivre scrupuleusement le raisonnement de Paolo, le jongleur de mots. De calembours en jeux de mots, ce dernier nous raconte l'histoire d'une humanité quelque peu déshumanisée mais tellement cocasse avec ses singes qui se refusent d'encore imiter l'homme (sic) ! Sans s'embarrasser un seul instant de repères chronologiques, Doss, empruntant les chemins balisés de Paolo, télescope homo erectus et homo ordinatus. Le premier ne portant pas de montre,le second ne sortant jamais sans son portable...

Avec un sens saisissant du raccourci, il fustige le plus grand défaut de l'homme: sa propension à se remplir les poches. Improvisant un dialogue entre un banquier et son client, il démontre avec une rigueur toute scientifique les liens existants de droit entre un in-vest-issement et un vêtement judicieusement pourvu de poches. Sur le papier, toute cette rhétorique peut paraître abstraite alors que sur scène, Doss le clown reprend le dessus. Son intervention magistrale permet de ne pas perdre. une goutte du discours écologiste de Paolo e td'offrir aux spectateurs quelques bons moments d'anthologie scénique dont une traversée de la forêt âma-zonnienne ou du moins ce qu'il en reste, une plongée dans l'univers stéréotypé des fichiers à la Big Brother et une évocation efficace de la guerre froide.

S'aventurant dans un répertoire connu, Paolo Doss a le mérite de ne jamais tomber dans le panneau de clichés éculés (notre Terre serait la pou belle de toutes les planètes de la galaxie) bien qu'il ne dédaigne pas y faire allusion ici ou là. Son message est avant tout celui d'un poète. Poète du verbe et du geste, il préfère conclure par une apologie de la tendresse plutôt que par une apocalypse planétaire... L'humanité ne s'en porte pas plus mal!

par E.L.

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Presse
ven, 05 Novembre 1993
Source : 
La Lanterne (bxl)