Paolo Doss endosse le succès

Ils applaudissent et ça n'en finit pas. Ils crient, trépignent. Mais on n'est pas à Woodstock, et il n'y a pas eu de rock, même si .la salle du "Bouche-à-Oreille", à Etterbeek, est archi-bourrée de jeunes. Il y a seulement, sur scène, ce petit homme bouclé, dépenaillé, qui roule ses jeux de mots comme des cigarettes et vous envoie soudainement, en plein cœur, la bouffée de ses vérités.
Nues. Provocantes. A vous couper le souffle.

Qui a vu la plupart des spectacles de Paolo Doss - "J'ai tout fait dans l'œuf', "Des espoirs au singulier", "Plats nets à vendre", "Rêve d'ange heureux" - sait que ce clown d'abord grimé a progressivement quitté couleurs et nez rouge pour offrir au public un visage sans apprêt. Ce qu'il garde: son imperméable gris, sa cravate sans col, ses godasses de plus en plus trouées: le contraire du BCBG. Ce clown est un moraliste qui n'hésite pas à remettre en question de fond en comble notre civilisation, nos modes de pensée et même jusqu'à ses propres propos. "La Graine du pêcher" nous avait fait rire et penser il ya quelque deux ans. Tout y passait: .la rencontre, du sentimental à la génétique. Mais Paolo Doss a réinventé la presque totalité du spectacle. Il l'inscrit dans un drôle de combat qui interroge les formes dont l'homme et la femme d'aujourd'hui pourraient être prisonniers. La forme contre le sens. De la forme des seins à celle des religions, de l'idée toute faite de Dieu, et de celle, contrefaite, de l'amour. L'art lui-même est mis en question. Et la télé. Quant aux petites annonces... .

Et on rit, parce que c'est à nous, toujours, en fin de compte que l'artiste s'adresse!

par L.N.

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Presse
mer, 01 Décembre 1999
Source : 
La Libre Belgique